Discipline peu connue en France jusqu’à récemment, la médiation sociale est désormais reconnue et encadrée, à juste titre, en tant que mode alternatif de résolution des conflits de la vie quotidienne. Qu’est-ce que la médiation sociale ? Dans quel contexte a-t-elle émergé et sur quels principes déontologiques repose-t-elle ? Alain Brevet nous éclaire sur le sujet.
Qu’est-ce que la médiation sociale ?
Les experts du séminaire de Créteil organisé en 2000 sous le thème « Médiation sociale et nouveaux modes de résolution des conflits de la vie quotidienne », définissent la médiation sociale comme étant « un processus de création et de réparation du lien social et de règlement des conflits de la vie quotidienne, dans lequel un tiers impartial et indépendant (le médiateur social) tente, à travers l’organisation d’échanges entre les personnes ou les institutions, de les aider à améliorer une relation ou de régler un conflit qui les oppose ». Dans les faits, la médiation sociale est plus qu’une démarche alternative de résolution de conflit. En effet, elle dépasse ce cadre étroit pour couvrir d’autres volets, notamment les pratiques de communication qui visent à aboutir à une modification positive des rapports sociaux.
Le contexte d’émergence de la médiation sociale
La médiation sociale telle qu’on la connait aujourd’hui a, contrairement à ce que l’on pourrait penser, des racines ancestrales. S’inscrivant dans une logique d’abandon des modes classiques de gestion des relations conflictuelles, elle trouve ses origines dans une tradition ancienne en vigueur un peu partout dans le monde. Rappelons que depuis la nuit des temps, différentes civilisations ont pratiqué le recours à un tiers, généralement un sage ou un religieux, pour la résolution à l’amiable des conflits sociaux. Cependant, avec l’urbanisation croissante et son parallèle, l’exode rural, ce mode ancestral de résolution de conflits a peu à peu été délégitimé, voire rejeté.
Il aura fallu attendre le 20e siècle, et plus précisément les années 1970, pour assister à l’émergence du concept de médiation sociale tel qu’il est défini aujourd’hui. Rappelons que cette époque fut marquée par la crise pétrolière et le déclin de l’Etat providence, ce qui a provoqué l’accroissement des inégalités et remis en question le principe même de cohésion sociale. Ainsi, la médiation sociale a commencé à s’imposer comme un véritable mode alternatif de résolution des conflits sociaux, particulièrement dans un contexte où les pouvoirs publics n’étaient plus capables d’y répondre efficacement.
A partir des années 2000, la profession a entamé son parcours de professionnalisation, à l’initiative des pouvoirs publics, qui ont compris toute l’importance de ce mode de gestion de la conflictualité. Cette démarche a finalement abouti à la reconnaissance pleine et entière du métier.
Les principes déontologiques
La médiation sociale repose sur un ensemble de principes déontologiques dont l’objet est de garantir à la fois le processus et l’impartialité / professionnalisme du médiateur. Elle repose, entre autres, sur le principe de libre consentement et la participation des parties prenantes, l’indépendance et l’absence de pouvoir institutionnel, ou encore la discrétion et la confidentialité.